Économie du cinéma : « Nos Jours Heureux »

Capture d’écran 2015-04-10 à 14.21.51Nos jours Heureux, Eric Toledano et Olivier Nakache, 2006

Fiche Technique :

Titre : Nos jours heureux
Réalisation : Olivier Nakache, Éric Toledano
Scénario et dialogues : Olivier Nakache, Éric Toledano
Musique : Frédéric Talgorn
Photographie : Rémy Chevrin
Supervision des effets visuels : Luc Julien
Responsable des effets sonores : Pascal Armant
Ingénieur du son : Fred Mays, Pascal Armant, Laurent Quaglio, Thierry Delor
Montage : Dorian Rigal-Ansous
Décors : Franck Benezech
Production : Prune Farro
Société de production : Quad Productions
Genre : comédie
Pays d’origine :  France
Format : Couleurs – 35mm
Durée : 1h43

Distribution :

Jean-Paul Rouve : Vincent Rousseau, le directeur de la colonie
Marilou Berry : Nadine, une animatrice
Omar Sy : Joseph, un animateur
Lannick Gautry : Daniel, directeur-adjoint
Julie Fournier : Lisa, une nouvelle animatrice
Joséphine de Meaux : Caroline, une nouvelle animatrice
Guillaume Cyr : Truman, l’animateur québécois
Jacques Boudet : Albert, le père de Vincent
Jean Benguigui : Mimoun, le cuisinier
Catherine Hosmalin : Christine, l’intendante
Arthur Mazet : Guillaume
Jérémy Denisty : Timoty, le correspondant belge de Guillaume
Arthur De Donno : Steve
Yannis Belal : Youssef
Johanna Ansart : Léa
Ilona Bachelier : Charlotte
Cindy Colpaert : Camille
Martin Jobert : Benoît Pichavent
Nicolas Samolyk : Un des enfants de la colonie
Joël Pyrène : Achille, le conducteur de bus
Lise Lamétrie : Monique Vannier, l’inspectrice de Jeunesse et Sport
Jean-Yves Roan : Gilbert Michaud, l’inspecteur de Jeunesse et Sport
Lionel Abelanski : le conducteur du train
Charlotte Ledoux : Monitrice d’équitation
Jean-Michel Lahmi : Dr Pierre-Emmanuel Pichavent, pédopsychiatre, le père de Benoît

Nos Jours Heureux est le deuxième long métrage réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache, sorti en 2006. Il fait le récit d’une colonie de vacances avec tout ce qu’on pourrait y vivre : les prises de têtes entre animateurs, les bêtises des enfants, les moments de jeux, le tout saupoudré des histoires d’amour de chacun. Comment ce film a-t-il été mis en place ? Qu’en est-il de sa diffusion de nos jours ? Nous chercherons à résoudre ces questionnements en incluant un maximum d’éléments économiques trouvés, en précisant toutefois la difficulté de les recenser. Dans un premier temps, notre réflexion sera portée sur le travail en amont du tournage. Dans un second temps nous serons chargés de mettre en évidence les conséquences de la diffusion. Dans un troisième temps nous nous intéresserons aux cinéastes et à leur volonté personnelle de tourner ce film.

Tout d’abord, d’après Allocine et JP’s Box-Office le budget du film est de 6,33 millions d’euros. Si l’on en croit l’étude de 2011 du CNC analysée par Libération le 3/01/13, le budget moyen d’un long métrage français est de 4,70 millions d’euros. Nous pouvons alors constater que le budget de notre film est en dessous de la moyenne. Or, le casting réunit des célébrités telles que Joséphine de Meaux, Jean Benguigui ou encore Jean Paul Rouve. Olivier Nakache raconte dans une interview pour TF1 : « Mais, nous nous sommes très vite rendus compte qu’il était difficile de monter un film sur des inconnus. Il s’est monté sur Jean-Paul Rouve, même si à l’arrivée le film ne tourne pas qu’autour de lui, c’est un vrai groupe. Nous avions une économie qui correspondait à ce type de choix, nous pouvions imposer certaines personnes, nos choix. », sachant que Jean Paul Rouve était le rôle principal de leur premier film Je préfère qu’on reste amis.
Nous nous rendons compte que le casting est un élément important pour les réalisateurs. Sur leur site http://www.toledano-nakache.com il est possible de visionner des interviews des acteurs principaux. Tous racontent le casting et ce pourquoi ils ont étés pris, et la plupart affirment être relativement proches de leur personnages. Steve et Youssef sont comme Arthur et Yannis, qui sont devenus copains dans la vraie vie, Jérémy aurait même affirmé « prendre des cours de déclamation » ce qui aurait pu être une expression de son personnage Timothy. On apprend que pour trouver ce jeune homme ils ont fait quatre voyages en Belgique. Ceci nous montre que nos réalisateurs ont fait un travail sur la longueur en amont du tournage, et avec un budget moins élevé que la moyenne, c’est un travail d’une grande volonté.

Qu’en est-il des conséquences économiques du film ? JP’s Box-Office détaille les entrées du film avec une rentabilité de 138%. En revanche, les recettes sont introuvables. Dans une interview pour TFI, les cinéastes nous parlent du public de leur film : « On a reçu des messages de la part d’ados qui ont été voir plusieurs fois le film, jusqu’à 6 ou 7 fois. […] Ensuite, il y a eu une deuxième vague de spectateurs composée essentiellement de gens du milieu des colonies de vacances. […] Et puis enfin, une troisième vague, on va dire plutôt de cinéphiles. Je crois que c’est inévitable, quand 1,5M de personnes voient un film, on y retrouve forcément plusieurs catégories, mais on ne s’attendait vraiment pas à une telle diversité ». Mais si la diversité est à l’honneur le nombre d’entrée aurait peut-être pu être plus élevé, sans pour autant qu’il soit un massacre. En effet au même moment de la sortie en salle du film le 28/06/2006 s’opère la coupe du monde de football qui réunit le 1er juillet 2006 17 millions de téléspectateurs. Dans ce contexte, « la fréquentation perd plus de 60% de spectateurs par rapport à la semaine correspondante de 2005 ». C’est pourquoi au moment de la sortie du film, le public est occupé par un autre évènement, ce qui influence très certainement le nombre d’entrée.
En revanche, la diffusion ne s’arrête pas en 2006. Le 19 juillet 2013, le film est programmé par M6 et Metronews l’appelle «la belle opération de la soirée avec 3,37 millions de téléspectateurs». Sept ans après sa sortie en salle, le film grâce à la télévision se popularise avec un audimat plus élevé que le nombre d’entrées en salle. Le bouche à oreille est effectif ainsi que le confort du domicile des téléspectateurs qui n’ont pas besoin de sortir de chez eux pour regarder un bon film. De plus, après la réalisation d’Intouchables en 2011, qui a eu un succès international, il est possible que leur nouvelle notoriété ait permise cette hausse de spectateurs.
En juillet 2012, les réalisateurs eux-mêmes ont organisé une projection-rencontre de Nos Jours Heureux, soit 6 ans après la sortie du film, afin de récolter des fonds pour permettre aux enfants de partir en vacances. (cf. leur site officiel http://www.toledano-nakache.com).
Nous voyons donc que ce film marche de mieux en mieux certainement grâce à Intouchables.

Eric Tolédano et Olivier Nakache se font une joie du succès de Nos jours Heureux et n’en attendaient pas tant. Mais c’est un film qui leur tienne vraiment à coeur. Ils ont été eux même animateurs puis directeurs de colo durant dix ans. Il avaient en 2002 réalisé un court-métrage Ces jours Heureux, lequel est un premier jet de leur long, déjà avec Omar Sy. Le chalet dans lequel est accueillie la colonie de vacances est un lieu où ils avaient eux-mêmes déjà travaillé en tant qu’animateurs. Ils attendaient certes beaucoup de ce film, mais il est certains que c’est plus d’un côté sentimental et humain que les retours leur plaise, moins d’un côté économique. Pour appuyer cela, ces deux personnages sont intervenus dans des écoles pour parler de leur métier aux côtés de Bertrand Tavernier. Cette démarche tournées vers leur jeunes montre leur intérêt social pour offrir la culture à tous. De plus, ils sont présidents du fond de soutien de la ville de Paris ouvert aux courts-métrages. Ces investissements illustre leur volonté de partage et d’aide qui se ressent dans tous leurs films. Des histoires d’amitiés, de liens forts, voilà de quoi parlent Olivier Nakache et Eric Toledano.

Nos jours Heureux est donc un film peu cher qui a relativement bien fonctionné au moment de sa sortie en salle et qui ne cesse de plaire à un public éclectique. Si l’exportation s’est arrêtée en France, 138 % de rentabilité est déjà un bon pas pour un second long métrage, surtout si l’on prend en compte la presque invisibilité du premier. Son tournage était comme une grande colonie de vacances, les cinéastes ont pu revivre l’époque des colonies et les enfants se sont retrouvés comme en vacances alors qu’ils travaillaient (cf. Interview site officiel). Et si les acteurs se sont amusés comme sur une colo, dans un film sur une colo, l’ambiance du tournage se retrouve dans le film et on peut dire que c’est une réussite. Ce film a même permis à la DDJS (Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports, anciennement Jeunesse et Sports) d’améliorer l’image des camps de vacances en proposant plus de rigueur dans l’encadrement, d’après un article de The Telegraph.
Un film a petit budget peut donc être un film a grande répercussion et à grandes émotions.

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